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Visite de l'Eglise Saint Grégoire de PRUNET

Par Le 15/04/2022

A découvrir  

Eglise du X11ème siècle, agrandie à partir du 15ème siècle

Classée en 1965

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Description du Père Bernarrd NOUGIER

Prunet est situé à la naissance de la Ligne, qui semble mentionnée par la charta vetus vers 950 : la haute vallée a dû, très tôt, recevoir des implantations agricoles dont témoigne la donation de Berthe, faite en 1016, après le décès de son mari et de son fils unique. Celle-ci remet neuf manses situées au lieu de Prunet à l’abbaye de Saint-Théofrède, dite Saint-Chaffre-du-Monastier. Les bénédictins ont dû, dès le xie siècle, édifier une église qui, reconstruite et agrandie au xiie siècle, fut dédiée à saint Grégoire le Grand. Un prieuré, établi tôt, constitua une seigneurie et un mandement particulier entre Jaujac et Joannas. Il parut disposer de ressources conséquentes puisqu’il fut sollicité, à l’égal du prieuré conventuel d’Ucel, pour fournir un volume de vin correspondant aux besoins de l’abbaye durant un mois. Saint-Grégoire de Prunet est nommé comme dépendance chaffrienne en 1179 et en 1267. À la fin du xive siècle ou au début du xve siècle, le prieuré conventuel urbain de Saint-Pierre-le-Monastier, établi au Puy, annexa, avec l’accord de l’abbaye fondatrice, le prieuré de Prunet et bénéficia de ses revenus jusqu’à la Révolution. Des visites de l’église furent accomplies officiellement au xviie et au xviiiesiècles, mais ont été conservés seulement les procès-verbaux de 1676 et de 1714. En 1790, l’église devient uniquement paroissiale et sera désormais placée sous l’entière responsabilité des habitants de Prunet.

Une pierre en réemploi est susceptible de porter témoignage d’un édifice au xie siècle : au chevet de l’église se remarque un linteau monolithe échancré qui devait sommer une baie-meurtrière, très ébrasée seulement à l’intérieur. En tout cas, lorsque le pape Alexandre III, en 1179, inclut le prieuré de Prunet dans la liste des dépendances de Saint-Chaffre-du-Monastier, l’église de Prunet est celle que nous pouvons voir dans sa simplicité primitive : une nef de deux travées, voûtée en berceau brisé, prolongée vers l’est par une abside semi-circulaire. Doubleaux, pilastres et cordons sont de facture simple ; en grès, ils éclairent le gneiss des murs et des voûtes et ils rythment bien l’édifice, le structurent avec justesse. Des arcs de décharge se creusent à chaque travée. L’entrée du chœur s’anoblit par un évidement mural qui permet à des arcatures jumelles de se placer de part et d’autre du seuil du sanctuaire. L’abside semi-circulaire se coiffe d’une voûte en cul-de-four qui, mise à nue lors de l’ultime restauration, montre l’assemblage ingénieux de son appareillage.

Le prieur de Saint-Pierre-le-Monastier, Bernard de Dienne, dans la deuxième moitié du xve siècle, prend initiative d’agrandir l’église Saint-Grégoire : les flans de la travée qui précède le chœur sont ouverts et deux chapelles sont construites selon les procédés architecturaux de l’époque. La volonté du prieur est d’établir une sorte de transept. Les ogives sont soutenues par des culots imagés et les clés de voûtes affichent les armoiries du commanditaire. Le maître d’ouvrage élargit notablement aussi la fenêtre du chœur et il fait aposter à l’extérieur, de part et d’autre de la baie, les bustes de saint Grégoire et de saint Pierre, portant leurs signes distinctifs et aussi les armes de ses propres parents. Il semblerait aussi que le clocher et le porche aient pris à cette époque leurs places et leurs décorations définitives.
La chapelle qui jouxte le chœur, au nord, a dû être bâtie dans la première moitié du xvie siècle : l’arc gothique qui sert de passage vers le sanctuaire est admirablement dessiné comme ceux des chapelles établies au xve siècle.

La visite de l’église en 1676 permet de signaler l’existence désormais d’un collatéral sud assurant le passage successif dans trois chapelles ; mais la chapelle orientale n’a pas encore la profondeur qu’on lui connaît. Sont mentionnés le toit en lauzes, les fonts baptismaux, une tribune et, touchant l’église, le cimetière et la maison claustrale.

Au xixe siècle, l’église poursuit sa croissance : en face du porche sud, vers 1850, une dernière chapelle est bâtie, permettant d’entrer dans l’église sans traverser le cimetière et afin de donner de l’ampleur au collatéral nord. 

Les mesures de sauvegarde, nécessaires mais pas toujours réalisées avec à propos, sont engagées au xixe siècle : pose sur les nefs d’une toiture en tuiles plates mécaniques vers 1950, suppression dix ans plus tard d’une sacristie greffée au nord du chevet vers 1880, installation à la demande du Service d’Architecture des Bâtiments de France d’une toiture en tuiles canal qui enveloppe désormais toute l’église en incorporant aussi l’abside, rénovation intérieure à partir de 1990 et création d’un nouveau mobilier.

À signaler, bien sûr, à l’extérieur, le clocher carré assis sur le porche qui s’agrémente d’une double voussures et de colonnettes dont les chapiteaux ornés de feuillages raffinés suggèrent un gothique tardif. Également, s’imposent au regard deux bustes encadrant la baie du chevet, ceux de saint Pierre et de saint Grégoire, tous deux coiffés de la tiare et présentant les armes du prieur Bernard de Dierne.

Chevet de l'église de Prunet : saint Pierre                                                                        Chevet de l'église de Prunet : saint Grégoire

Au chevet de l'église, saint Pierre (à gauche) et saint Grégoire
présentant les armes du prieur Bernard de Dierne (Clichés Michel Rouvière)

À l’intérieur de l’église sont conservées deux cuves baptismales médiévales et trois dalles tumulaires présentes autrefois dans le cimetière.

Croix fleudelisée, croix de lorraine et monogramme du Christ

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Img 0285La statue inscrite de Saint Grégoitre : la seule des trois statues situèes originellement sur le retable

 

Img 0297La statue du Christ retrouvée au démontage sous le plancher de la tribune, qui avait migré au dôme Saint-Benoît d’Aubenas en 1969 pour figurer dans une exposition estivale d’art sacré, puis y était resté pendant 45 ans. Le Christ a pu reprendre sa place, grace à la ténacité et la volonté du Père Bernard NOUGIER.

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